
















































Construites à la fin des années 60 sur le modèle des cités d’urgence et de transit d’après-guerre, les cités de Beutre portent en elles l’histoire de leurs habitants. Pour y vivre dignement, ils ont passé outre leur statut d’occupants précaires et pris en charge l’amélioration de leurs conditions de logement. Ils ont entretenu, embelli et se sont étendus. Ils ont créé les jardins potagers dont ils avaient besoin. En près de cinquante ans, ils ont transformé la précarité et la relégation dont ils étaient l’objet, en capacité à agir sur leur habitat.
Une classique opération de démolition reconstruction était inenvisageable.
L’agence, attentive aux “communautés à l’oeuvre”, s’est employée à capter et a respecter l’histoire des lieux et des habitants. Elle s’est installée au coeur de la cité pour développer une méthode de travail fondée sur l’enquête, l’écoute et la négociation. Elle a mis en place un processus de transformation.
Les maisons ont été désamiantées, les toitures et l’isolation refaites, des extensions préfabriquées contenant sanitaires, pièces techniques et entrées ont été greffées sur chaque logement, les salles à manger ont été ouvertes sur les jardins… Les sols ont été désimperméabilisés et plantés, les parkings et accès refaits. Un chantier à 12,8 millions d’euros réalisé en 14 mois sans que les locataires aient à quitter leur logement. L’objectif était de faire une architecture non invasive, qui ne dégradait pas l’existant, mais produirait le plus de liberté future pour les habitants.
Beutre n’est pas un projet avec un début et une fin mais une action inscrite dans une longue histoire. C’est du logement neuf fait à partir d’un patrimoine ancien. Il est n’est pas tant démonstratif en terme de bâti que sur le plan humain. C’est à l’intérieur des maisons, en discutant avec les habitants qu’on le comprend le mieux.
Photos : Philippe Ruault, Christophe Hutin Architecture