La rencontre
Nous défendons des conduites de conception transformationnelle en architecture. Celles-ci sont menées sur le “régime de la coïncidence” qui organise des rencontres, comme autant de “rendez-vous” entre concepteur et situation, habitants et architectes ou encore entre des lieux et des moments.
« Le mot art veut dire faire. Mais faire c’est choisir et toujours choisir, nous ne faisons rien, sinon choisir quelque chose qui nous précède ». On peut tout aussi bien prolonger ce principe au domaine de la création architecturale et affirmer que la conception assemble des choses déjà-là. Elle produit des agencements et des détournements tels que les résume la formule de Marcel Duchamp lorsqu’il indiquait que l’un des buts de l’art consistait à « trouver une nouvelle idée pour cet objet ! ».
Rencontres ! Les tâches du projet en conception architecturale peuvent être renouvelées par ce regard acéré que Duchamp, avec la notion de ready-made, avait porté sur l’art. Il ne s’agirait plus alors de produire ou d’inventer des projets d’architecture à partir d’idées préconçues à appliquer dans la réalité mais d’envisager sérieusement la capacité des architectes, des étudiants, tout comme des habitants, à fabriquer par sélection, choix et agencement du déjà-là pour transformer des situations existantes, passer d’une situation à une autre.
Le film documentaire “Retour à Orange Farm” de Christophe Hutin consiste en un entretien en plan séquence filmé dans une automobile qui emmène une habitante, Maria, depuis son lieu de travail jusqu’à son lieu de vie. Cette rencontre particulière et personnelle nous informe mieux qu’une étude quantitative sur le mode de vie à Soweto dans ses dépendances avec la ville de Johannesburg et sur les contraintes de mobilité qui pèsent sur les habitants.
Hommage à Abbas Kiarostami qui décrit la ville de Téhéran selon un procédé narratif semblale dans son film Ten. Dix personnes, dix rencontres successives dans une automobile pour comprendre et voir cette ville qui reste hors-champ pendant tout le film. Cette puissance du cinéma, nous pouvons la mobiliser en architecture.