“Network ol learning”
« La construction de l’enfant s’effectue dans la complexité, et la complexité, c’est ce qu’il est impossible de cerner. Mais chacun dans cet environnement exerce un pouvoir qu’il ignore. Que trouveraient nos enfants s’ils n’avaient que le village pour poursuivre leur évolution ? Même plus le garde-champêtre comme dans la guerre des boutons. Notre organisation sociétale a morcelé, institué, séparé, insécurisé l’espace social qui finit par ne plus en être un. […] On se veut de plus en plus éducatifs, et le territoire et l’environnement deviennent de moins en moins éducatifs. On oublie que ce qui aboutit à la construction d’un enfant en adulte, donc en citoyen, ce sont toutes les interactions affectives, cognitives et sociales qui peuvent avoir lieu là où vit l’enfant. Un territoire qui ne constitue plus une véritable entité sociale, un système social vivant, est anti-éducatif. » Ces réflexions formulées par l’enseignant Bernard Collot rejoignent une intuition que connait toute personne qui a eu le privilège de grandir dans un village ou un quartier vivant. En architecture, comment peut-on aborder l’exigence de produire de tels lieux éduquants, des milieux riches d’inspirations, de rencontres, d’occasions et de connaissances ? Peut être faut-il, à l’instar de Aldo Van Eyke avec ses terrains de jeux urbains à Amsterdam, commencer par regarder tout projet sous l’angle de ce que peuvent ou non en faire des enfants libres. En architecture, s’il existe une expertise des enfants c’est bien celle de l’appropriation des structures, des espaces et jusqu’au détournement des usages. Quelle imagination dans la façon dont les enfants du quartier de Kilptown jouent avec le baobab en métal du chantier Sans Souci ! L’architecture a besoin des enfants pour l’aider à se déstandardiser, à se défonctionaliser, à se décentrer. La “classe à ciel ouvert” réalisée lors de l’atelier Learning From 2013 dans le village de Uzeste témoignait de cette belle ambition : dans notre architecture il n’y a pas une place pour les enfants, toute la place est pour les enfants !