Nettoyage collectif du site sur le chantier du workshop Sans Souci (ateliers Learning From 2014)

Chaîne humaine durant le chantier du centre SKY à Kliptown, Soweto (00144 vidéo ateliers Learning From 2012)

Délibération collective sur le site du projet de réhabilitation de la cité de Beutre Mérignac (photo Christophe Hutin)

Conventions - Créer des situations conventionnelles contemporaines

Parvenir à penser et à agir par soi-même, telle est la définition de l’émancipation. Lorsqu’on rapporte cette idée au niveau de la vie sociale, c’est à dire au registre collectif, l’émancipation se déploie alors à partir de situations d’autonomisation des individus et de socialisation des groupes. Les communautés émancipatrices respectent cette dialectique, on en trouve des exemples contemporains en occident dans les groupes d’entre-aide, d’autoconstruction, d’éducation non formelle, les collectifs d’action, associations entrant dans des processus de community organizing et jusqu’aux squat, zad etc.
En général, ces situations d’action ou de projet, exigent que l’on s’accorde suivant des conventions non formalisées, lesquelles peuvent inclure la délibératon horizontale entre pairs ou encore des traditions admises, des habitudes, protocoles ou manières de faire. Le documentaire de Christophe Hutin, la maison de Maria, décrit la déconstruction-reconstruction d’une shack en ossature bois et tôle à Freedom Parc (Soweto) réalisée collectivement en quelque jours sans aucun plan préalable ni prescription constructive. D’autres projets comme celui de la maison Montpeyroux intègrent une dimension collective non formelle dans le projet à travers l’autoconstruction menées par les habitants. Ce sont autant de tentatives de créer des situations conventionnelles dans la production de l’architecture aujourd’hui.
On se souviendra que l’architecte classique réalisait ses dessins à partir de sa connaissance de la pratique constructive commune aux gens de métier. Il n’était pas tenu de décrire lui-même ces questions implicitement admises. Dans ce cas, il s’établissait alors un consensus basé sur la confiance entre les acteurs de l’édification. Cette organisation sociale et humaine définit ce qu’on nomme une situation conventionnelle. De nos jours, la reconstruction d’un pouvoir des métiers, mais aussi celle des pouvoirs communautaires de production de la ville peut passer par la réactualisation des situations conventionnelles.
Bien entendu, une bonne part de l’architecture vernaculaire populaire (milieu rural par exemple) relève encore de ce paradigme. Les chantiers participatifs dont l’engouement progresse aujourd’hui, témoignent également d’une volonté de faire émerger de nouvelles situations conventionnelles. Plus horizontaux et moins formalisés, ces chantiers possèdent parfois certaines propriétés sociales. Les décisions concernant les actes constructifs du projet peuvent donner lieu à des négociations collectives. Nous avons souvent expérimenté cette démocratie de la technique dans nos travaux d’atelier en milieu informel dans le master Learning From. Dans ce type de chantiers temporaires les architectes développent un nouveau rapport à l’action, fait d’argumentation, de clarification, de dissenssus, de délibération horizontale.