Scène tirée de “Un chien jaune de Mongolie“, film de Byambasuren Davaa, 2005

Maison à Montpeyroux (photo Christophe Hutin)

Vivre à même l’herbe. Image de référence pour l’atelier Learning From Sans Souci (photo Christophe Hutin)

Les dehors

“Je ne voulais pas faire ce voyage dans un cabine, mais plutôt devant le mât et sur le pont du monde car c’est là que je pouvais le mieux voir le clair de lune au milieu des montagnes.” (Henry David Thoreau, Walden). Vivre et habiter dehors, immergé dans le paysage à Montpeyroux, plongé en pleine forêt à Cestas, nous voulons croire que le monde n’est pas un vase clos mais une étendue à explorer, à habiter, à vivre. Derrière la scène principale de la grande salle des fêtes du Grand Parc, une immense ouverture relie l’intérieur de la salle à la magie de la ville alentour, la ville aussi est un extérieur. En tournant nos regards vers les dehors, nous pouvons comprendre que tout lieu est singulier précisément parcequ’il est situé dans un contexte qui lui donne son caractère particulier. Tourner l’architecture vers les dehors signifie l’envisager comme un milieu ambiant, un milieu de vie.
Les architectures du dehors, habitats à l’air libre, pourraient même constituer l’une des sources d’inspiration à celles et ceux qui recherchent aujourd’hui des contre-espaces positifs dans une société promouvant de toute part le stockage, le zoning, la clôture, l’étanchéité, le confinement et le contrôle. Comment résister à la formule oppressive du camp ? Cette réponse techno-spatiale qui nous est proposée chaque fois qu’un problème social, sanitaire ou politique semble se poser : camp de vacances, de rétention, de concentration, d’internement, de transit, de réfugiés…
Pour le poète Edouard Glissant, les conditions de résistance d’une vie d’oppression ont toujours à voir avec le discontinu, l’hétérogène, et proviennent des dehors, des voisinages, de la relation. Le Tout Monde est un extérieur, un décentrement. A l’isolement du camp, Glissant va ainsi notamment répondre par la figure ouverte de l’archipel. Une pensée rhizomatique permettant à des entités singulières de se rencontrer, de s’entrechoquer et de produire du nouveau. Cette formule archipélique, nous l’adoptons dans toutes nos interventions en workshops, depuis la réhabilitation du centre social Sky à Soweto jusqu’au festival amusical transartistique de Uzeste en France, nos ateliers de master Learning From mettent oeuvre des chantiers multiples et parallèles. Une conception en constellation qui se veut ouverte, de plein vent, du dehors.